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Un peu d'histoire monétaire... D'après le livre de Brenda Ralph Lewis
Cette expérience et celle des assignats (émission pendant la Révolution de 1789 de billets gagés sur les biens du Clergé ou des Biens Nationaux mais qui connurent une dépréciation galopante du fait de l'instabilité politique) montrèrent les méfaits (apparents) de l'inflation et provoquèrent un débat récurrent en Grande-Bretagne. Les tenants du Banking School s'opposaient aux supporters du Currency School. Les premiers défendaient un lien entre l'activité économique et l'émission de monnaie (plus il y a de monnaie en circulation, mieux l'économie se porte) tandis que les tenants du Currency Principle (dont l'économiste libéral David Ricardo) exigeaient un lien strict entre l'émission de monnaie et le stock d'or, afin de garantir la valeur de la monnaie. Ce sont ces derniers qui l'emportèrent avec la promulgation de la Peel Act en 1844 qui réglemente strictement le fonctionnement de la Banque d'Angleterre. La Banque ne peut émettre des billets qu'en contrepartie d'un équivalent en or. C'est pourquoi la livre acquit un rayonnement international. Parallèlement à la stricte émission des monnaies garanties en or, se dévellope un système monétaire international basé sur l'or. Comme les monnaies sont convertibles en or, pourquoi ne pas échanger les monnaies par rapport à l'or? Ainsi le système monétaire du 19e siècle s'est révélé relativement stable, comme le montre la valeur du Franc Germinal qui n'a pas fluctué par rapport à l'or entre avril 1803 et août 1914 (soit plus d'un siècle!). La Grande Guerre de 1914-1918 remit en question toute cette belle organisation monétaire. Pour financer la guerre, les Etats eurent recours à la planche à billets ainsi qu'u cours forcé des billets. Cela créa la première vague d'inflation moderne. Le système basé sur l'or ne pouvait plus marcher car le montant de l'or ne couvrait même pas le dixième des billets en circulation. Il fallut s'en remettre aux taux de changes fixes. C'est alors que survint la première grande hyperinflation de l'histoire en Allemagne : en janvier 1923, le président du Conseil français, Poincaré fit occuper la Ruhr pour obliger l'Allemagne à payer ses réparations de guerre (l'amende était très salée :3 ans de PIB allemand!). Pour rembourser la France, les dirigeants allemands laissèrent l'inflation filer : les billets en monnaie de singe remboursaient ainsi la dette. Le mark a ainsi perdu près de 8,5 milliards de fois sa valeur entre 1922 et novembre 1923. Les gens prenaient tellement peur de la monnaie que quand ils recevaient leur salaire du jour, ils partaient aussitôt le dépenser dans les restaurants ou dans la nourriture non périssable, afin de perdre le moins de pouvoir d'achat possible. C'est pourquoi les Allemands d'aujourd'hui ont une peur si bleue de l'inflation. Cela explique leur acharnement à imposer le plus de rigueur possible. Voilà qui illustre un peu l'hyperinflation que connut l'Allemagne. Le billet de 50.000 Marks a été émis le 9 août 1923 avec une série de billets d'autres valeurs. Il a été ensuite remplacé par une nouvelle série de billets le 22 août 1923 dont le billet vert de 10 millions de marks. Cette série est elle même remplacée par une nouvelle série pour suivre l'évolution des prix : c'est la série du 1er septembre 1923(exemple du 500 millions de marks). Bien sûr, la Reichsbank devait imprimer sans cesse de nouveaux billets tous les jours...
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